LES AIRS
La première fois que l’on s’est vus
J’avais vingt ans et des poussières
Je marchais sur le port
J’avais mon sourire d’ingénue
Et toi tu avais les yeux verts
Et des cheveux d’or
Tu avais des airs de Don Juan
Et moi j’avais des airs d’Elvire
Tu n’as eu pour ainsi dire
Qu’à me regarder en souriant
Pour que je tombe sous le charme
J’étais si peu prête à séduire
Si peu prête à ce que ton rire
En un seul instant me désarme
J’étais si fière d’être à ton bras
Quand nous sommes allés danser
Au bal du port
Si j’avais su que ces mots-là
Les mots que tu m’as murmurés
Étaient des sorts
Tu avais des airs de Merlin
Et j’avais des airs de Viviane
Aux sentiments j’étais profane
Et bien sûr je n’en savais rien
Mais tu étais trop présomptueux
Tu n’as rien vu venir non plus
En quelques jours à ton insu
Nous étions deux joueurs à ce jeu
Et puis après, trois ans d’histoire
Dont au moins deux d’enchantement
Et quelques désaccords
Et me voilà trois ans plus tard
Et j’essaie de vivre au présent
Et sans remords
Tu avais perdu tes grands airs
Et j’avais envie d’autres choses
Il aura suffi que je l’ose
Pour qu’enfin je te libère
Avant que l’on se déchire
Ou que l’on reste prisonniers
Avant d’avoir tout oublié
De nos envies, de nos désirs
La dernière fois que l’on s’est vus
Je m’en souviens comme d’hier
J’y pense encore
La dernière fois que l’on s’est vus
Notre train partait vers la mer
Je n’étais pas à bord