INSOMNIE
L’ennui le jour et la nuit rien
Rien d’autre qu’attendre le jour
Et l’impression d’attendre en vain
Comme on attendrait le retour
Des disparus perdus en mer
Depuis bien trop d’années déjà
Si je remettais pied à terre
Je ne m’y retrouverais pas
La nuit prend des airs de calvaire
Depuis que je ne dors plus
Et que mon sommeil s’est enfui
Je me vois traverser la nuit
À demi moi, errant sans but
En voyageur solitaire
L’ennui le jour et rien la nuit
D’autre que des tours, des détours
À me retourner dans mon lit
Car si le jour revient toujours
Il est toujours empli de vide
Empli de temps qui ne passe pas
Les heures s’écoulent livides
Le temps s’écoule à petits pas
La nuit donne un air de martyr
À ceux-là qui ne dorment plus
Ceux qui ne vivent que par ennui
Qui doivent traverser la vie
À demi eux, errant sans but
Ceux qui ne savent plus dormir
L’ennui le jour et la nuit rien
Fumer encore, fumer toujours
Et regarder passer les trains
N’attendre personne de retour
N’attendre rien, ne plus avoir
Aucune peine, aucun chagrin
Ni d’envie, ni de trajectoire
Être immobile, n’attendre rien
La nuit prend des airs de misère
Depuis que je ne dors plus
La nuit est comme un peu salie
Jusqu’au pauvre matin pâli
Où je me lève mais sans but
À demi moi, le jour j’erre