UN SOUVENIR DE TOI ET MOI

Il y avait toi et moi, assis sur le trottoir

À la fin de la nuit, nos verres étaient brandis

Comme des étendards, et le vin chantait par nos voix.

Et j’étanchais ma soif d'amour à ta bouche,

Et je levais mon verre aux fêtes inébriantes,

À ton regard sur moi, et puis au temps d'alors,

Qui ne se pressait pas.

Il y avait toi et moi, et le bref désespoir

Que l'on a ressenti quand le ciel a pâli,

Quand le soleil blafard d'un matin redouté fut là.

Tes lèvres en cadeau dans la lumière blême,

Tu disais de ces mots que l'on dit quand on aime,

Quand le jour s'est levé comme une punition.

Et déjà l'horizon semblait se rapprocher ;

Comme pris dans les phares nous nous sommes enfuis,

Titubants et transis, amoureux et hilares.

Un effet de l'alcool, ou ce penchant banal

Que j'ai de vivre mal ces distractions frivoles ?

Je ne sais pas pourquoi c'est ce souvenir-ci

Qui me monte à la tête, au milieu de la fête

Donnée car tu maries un autre homme que moi.

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