CELA AUSSI PASSERA

Nos chansons, nos amours, nos moments suspendus

Le temps qu’on a perdu à prendre des détours

Les rêves dont a cru qu’on les rêverait toujours

Les mots de tous les jours auxquels on ne pense plus

Cela aussi passera

Les œuvres de l’esprit, les rires et les promesses

Et l’infinie tendresse qu’on a pour ses amis

La chaleur et l’ivresse, les petites nuits

Le passé qu’on oublie, les espoirs qu’on caresse

Cela aussi passera

Les chansons pour enfants, le lac Saint-Sébastien

Les enfants de demain et leurs petits-enfants

La douceur du matin les matins de printemps

Mon costume élégant, qui m’a coûté un rein

Cela aussi passera

Le bois de nos pianos, les airs de nos guitares

Les tournées dans les bars, ta musique et mes mots

Les soupirs des vieillards, les sourires des marmots

Les vieux albums photo et le sens de l’histoire

Cela aussi passera

L’empreinte de nos pas dans la poussière de lune

Nos regrets, nos lacunes, nos rages, nos combats

Les plus grandes fortunes des plus grands maharadjas

Les pyramides incas et le vent sur les dunes

Cela aussi passera

Les gloires éternelles, les dieux, les cathédrales

Et les milliards d’étoiles qui composent le ciel

Les diamants, les opales, tes yeux qui m’ensorcellent

Le souvenir de celles qui nous ont fait du mal

Cela aussi passera

Cela aussi passera

Cela aussi passera

Les cicatrices sur nos peaux

Les stigmates et les vieilles douleurs

Le poids des croix et les fardeaux

Les morts la mort et son odeur

Les prières dans les hôpitaux

Auxquelles on a pas répondu

Les maladies, les coups reçus

Les suppliciés dans les ghettos

Les calvaires, les noms sur les tombes

Et l’argent des marchands de guerre

Les tambours et les pluies de bombes

Nos empreintes dans la poussière

Les fortunes des empereurs

Les monuments aux morts pour rien

Tous les salaires de la terreur

Le sang, la peur, le froid, la faim

Et les combats et les victoires

Et les sacrifices des braves

Les héros de cent mille histoires

Les libertés et les entraves

Et les prénoms et les visages

Anonymes des passants

De tous ceux que le temps outrage

S’en allant les effaçant

Cela aussi passera

S’il faut qu’on nous oublie, et que rien n’ait compté

Qu’on ne soit qu’un passé qui attendait la nuit

Que l’on soit effacés, qu’on ne soit qu’en sursis ;

Que l’on aime la vie, si la nuit doit tomber

Précédent
Précédent

Dans la ville sous la ville

Suivant
Suivant

Moleskine